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Tirer des bords, écologie profonde et spiritualité

Charles 17 février 2020

Ce deuxième épisode décrit notre première navigation dans le golf du Morbihan et la visite du lieu Animaterrra sur l’île aux Moines.


Christine Kristof, qui nous y reçoit, nous parle d’écologie profonde, du lien entre méditant et militant et de la nécessité d’encrer son action dans un socle de valeurs.

Sur mer plate, le moindre vent pousse très bien notre catamaran. Il taille de beaux sillons droits et accélère sans difficulté. Je prends rapidement conscience que les deux bidons de 20kg à l’avant de chacune des coques n’altèrent pas trop le comportement du bateau, du moment que nous le maintenons à plat. Au sud de l’île d’Artz, il nous faut tirer des bords pour remonter au vent. Le vent canalise et forcit à cet endroit, et le bateau enfourne dès que nous prenons trop de gite. L’eau passe alors par-dessus la coque la plus immergée,vient se fracasser sur le bidon, puis elle est soulevée en colonne et vient éclabousser le trampoline. Je redoute déjà les conditions de mer et la houle qui nous attendent une fois sortis de ce golfe protégé. Plusieurs fois nous ratons nos virements de bords. Face au vent, le bateau refuse de tourner et repart dans la mauvaise direction. Paré à virer ? Ok, alors on vire! Un, deux, puis trois échecs. Je vois le bateau se rapprocher de la côte, j’opte alors pour un empannage(virement de bord avec le vent par l’arrière plutôt que de face). Un manque à virer pareil pour un projet nommé Paré à Virer, c’est le comble!

L’île-aux-Moines

Après seulement 2h30 de navigation à travers le golfe, nous atteignons l’île-aux-Moines. A ce stade nous tirons plusieurs enseignements: le bateau doit absolument rester à plat, les repères sont difficiles et la navigation à vue demande une bonne lecture de la côte. Enfin, les combinaisons néoprènes sont essentielles même quand il fait beau car nous avons eu froid assez rapidement.

Christine Kristof nous accueille dans sa maison surplombant Port-Miquel et ses parcs à huîtres. Au détour de notre visite nous parlons aussi bien de toilettes sèches, de crépi naturel que d’écologie profonde et de religion. Sa maison se veut une oasis ressource pour qui s’intéresse aux questions d’écologie et de spiritualité. On y trouve une bibliothèque très fournie sur le sujet, un espace méditation,des chambres et un potager circulaire. Nous partageons le dîner avec Christine, son voisin et une amie eco-psycologue de passage. Beignet de consoude au menu. Nous échangeons nos ressentis vis-à-vis de l’effondrement du vivant: la profonde tristesse qui nous envahit en voyant la nature à l’agonie, le découragement, la lassitude et parfois l’espoir. Christine accompagne des groupes de personnes dans l’exploration de leur lien avec le vivant, et les invite à exprimer leurs émotions face à un système destructeur de la vie,pour réveiller leur énergie de détermination.

Catapultés au large de Port-Navalo

Le lendemain, depuis l’île-aux-Moines, nous préparons notre sortie du golfe du Morbihan, le nez penché sur les cartes de courants. Au plus fort de la marée ce jour-là, le courant de la Jument atteint 8 nœuds (14 km/h). Inutile donc de chercher à sortir par marée montante, à contre-courant. Nous calons notre départ pour bénéficier de flots portants (départ à 10:00) et nous voilà à 13h catapultés au large de Port-Navalo. La brume tombe sur Belle-Ile que nous apercevions à peine,ce qui nous oblige à naviguer au compas. Cap au 220° direction Sud-Ouest. A présent loin des côtes, la houle commence à se faire sentir et on réalise comme notre embarcation est petite. Vincent et moi échangeons nos impressions en quelques mots chacun: heureux, reconnaissants, anxieux, libres et enjoués. Nous poussons jusqu’au Nord-Ouest de l’île pour trouver une crique abritée où passer la nuit. Ce sera Port-Jean, ses 100 mètres de sable fin, son eau turquoise, et ses pêcheurs saisonniers habitants une cabane depuis 40 ans. Bivouac et réveil sous la pluie:la météo annonce de la flotte pour toute la journée. Nous décidons de ne pas nous laisser abattre pour autant et levons le camp en direction de l’île de Groix.

Le vent a tourné Sud-Ouest et a chassé les nuages. Nous voilà rendus en 3 heures à Groix à 7 nœuds de moyenne ! Nous tirons le bateau sur la plage à l’aide d’une remorque de l’école de voile et installons nos sacs de couchage sous le trempoline. On se paye le luxe de quelques maïs à pop-corn cuisinés sur le réchaud. La nuit tombe tandis que les phares s’allument: des rouges et verts d’entrée de port et des blancs clignotants. Face à nous c’est Lorient.

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