Voyager avec un âne ce n’est pas comme à vélo ?!

Auparavant, lorsque quelqu’un me confiait son envie d’avoir un âne pour voyager ou me demandait conseil avant partir avec un baudet, j’étais enthousiaste pour ce nouveau projet.
J’ai aussi remarqué à de nombreuses reprises que de partir avec un âne ne se terminait pas de la meilleure des manières. A cause du manque de préparation des voyageurs, l’âne finit par en pâtir. Si je peux grâce à mon expérience t’apporter un éclairage suffisant dans ta prise de décision pour voyager avec un âne, j’en serai plus que ravi!

Des histoires il y en a plein…

J’ai deux exemples marquants.
C’est deux potes qui partent à l’aventure avec un âne acheté pour un voyage à travers la France et l’Espagne. L’aventure a tourné au vinaigre du fait de la mésentente des deux potes. Résultat, l’un des deux est parti en abandonnant l’autre avec l’âne. Devenu trop encombrant pour le voyageur solo en sac à dos, il a décidé de se séparer de l’âne.

L’autre histoire est celle d’un homme qui a tout plaqué pour faire un tour de France avec un âne acheté juste avant de partir. L’aventure de l’homme c’était bien déroulée mais on ne pouvait pas en dire autant pour notre ami aux longues oreilles. Selon certains retours, ses sabots étaient usés et le bien être de l’âne n’avait pas vraiment été pris en compte… De plus une fois que l’homme avait réalisé son rêve de tour de France, il s’est débarrassé de l’âne, lui aussi devenu trop encombrant pour une vie désormais sédentaire.

L’animal en voyage : ni un vélo, ni un porteur !

Nous ne le dirons jamais assez, un âne ce n’est ni un vélo, ni un porteur. Mais un être bien vivant qui a des besoins propres à son espèce. Tout comme chaque individu, les animaux diffèrent de part leur caractère particulier et unique. Effectivement nos ancêtres avaient besoin de la force des animaux pour mener à bien leurs dures tâches quotidiennes. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas et de faire rentrer dans sa vie un animal, quel qu’il soit, c’est un choix!

De ce fait, avant d’acheter celui qui partagera ton aventure, tu dois devez d’abord te poser la question de l’après. Que vais je faire de lui une fois mon projet d’aventure terminé? Est ce que j’aurai la possibilité de le garder auprès de moi des dizaines d’années?
Si la réponse est négative, je vous conseille de louer un âne ou bien de partir sur un autre mode de voyage.

Un âne passe t’il vraiment partout?

On peut lire un peu partout que marcher au pas d’un âne vous transporte au pays de Oui Oui!
Non ! Voyager avec âne, n’est pas aussi simple que sillonner les chemins de traverse à pied ou à vélo ! Il faut surtout être motivé par le fait de partager l’aventure avec un compagnon à part entière. Tout comme on s’adapte quand on voyage avec des enfants, tu devras t’adapter à l’animal pour que le voyage se déroule au mieux.

Avec lui, tu ne pourras pas emprunter tous les chemins. Bien qu’on entends souvent que les ânes et chèvres grimpent partout. On oublie de préciser que c’est souvent le cas sans le poids d’un chargement. Avec plusieurs dizaines de kilos sur le dos et des sacoches qui augmentent l’envergure de l’animal, il te sera impossible de sillonner des pentes étroites ou de gravir de hautes marches.

De fait, oublie certains chemins de grande randonnée. Tel que le GR20 en Corse, les chemins des douaniers qui est en bord de falaise ou bien encore les via ferrata. A éviter aussi, les grandes villes car les accès sont souvent compliqués. Les rues à sens unique difficiles à gérer pour l’ânier et la traversée peut s’avérer effrayante pour l’animal. Un âne, aussi paisible soit-il, peut être imprévisible. Si malgré tout tu te lances dans la randonnée en ville, il faudra bien t’informer et étudier le parcours. Il faut aussi redoubler de vigilance car les automobilistes ou les motards n’ont pas l’habitude de croiser des équidés. Leur réaction peut mettre le duo en danger.

Trouver chaque soir un bivouac idéal pour toi…mais surtout pour l’âne

Chaque soir tu devras choisir le lieu du bivouac en fonction de ton animal aux longues oreilles. Car si ton compagnon de voyage transporte ta nourriture, il lui faudra en contrepartie lui offrir pour la nuit un espace suffisamment herbeux pour qu’il puisse se nourrir. Cela s’avère parfois compliqué et demande du temps certains soirs. L’âne est effectivement un véhicule rustique et économe. Mais il lui faut quand même de quoi se nourrir et boire suffisamment pour être en forme le lendemain.

L’endroit idéal pour lui ne le sera peut être pas pour toi. Je vais te vendre du rêve, mais ça sera sûrement en pente, près des bouses de vaches ou bien au bord d’un ruisseau humide. L’emplacement idéal pour lui sera rarement à la meilleure place du camp ou sur une plage face à la mer !

Pour finir, l’endroit devra être sécurisé. Vérifie toujours avant de vous installer que le sol ne comporte pas d’objets pouvant blesser l’âne. Vérifie également si des essences toxiques ne se dégagent pas des haies ou arbustes entourant le bivouac. On trouve souvent de l’if, du troène ou des plantules d’érable sycomore : quelques grammes ingérés suffisent à tuer l’animal.
Installe-le de manière à ce que sa longe ne s’emmêle pas autour d’obstacles. De plus, si tu ne dors pas sous une tente à côté de lui, privilégie un terrain clos.

Bien voyager avec un âne : la préparation en amont est indispensable

En voyage, tu deviendras son unique repère. Cela permets de créer une relation privilégiée avec ton compagnon de route. <mais il risque de ne pas supporter quand tu t’éloigneras de lui. Lorsque tu le laisseras seul dans un pré durant une soirée ou plus, il pourrait t’appeler sans arrêt de son braiment rauque et vigoureux! Et donc t’attirer les foudres du voisinage.

Dès lors, avant de prendre le large avec ton compagnon aux longues oreilles, il te faudra bien réfléchir à ce que tu es prêt à mettre en œuvre pour lui. Si tu es malgré tout décidé à acheter un âne, passe d’abord un peu temps avec lui pour l’éduquer et apprendre à mieux le connaître. Avant de prendre la route, il sera bon de tester le matériel pour vérifier qu’il soit bien adapté et confortable pour lui. L’idéal est d’effectuer quelques stages et de se faire conseiller et aider par des connaisseurs. Faire quelques essais sur des petites distances pour que le duo soit en totale confiance. Pour un long voyage et afin d’apporter les soins nécessaires aux sabots de ton compagnon, il est indispensable de te former en parage.

Quels sont les avantages de voyager avec un âne ?

Marcher avec un âne a aussi énormément d’avantages. Comme je l’ai énoncé plus haut, l’âne porte tout ou une partie de tes bagages. Cet aspect n’est pas négligeable! Cela te permet d’être autonome en nourriture et de ne pas trop te limiter sur le matériel emporté. Mais attention, tu devras penser à l’eau pour ton compagnon et garder de la place pour son équipement.
La question du poids que l’on peut mettre sur le dos de l’âne se pose forcément. Cela dépends du poids et de la taille de l’âne, mais aussi de son entraînement et de la difficulté demandée. Un âne est de réputation costaud et on peut lui faire porter des charges très lourdes, mais sur des courtes distances et sur un temps relativement court. Si tu pars pour un voyage au long cours, ne charge pas trop la mule.
Comme le dit un vieil adage “qui veut voyager loin, ménage sa monture” et “moins je porte, mieux je me porte!”

Si tu le charges trop, il pourrait se blesser ou fatiguer et tu pourrais être contraint d’abandonner ton voyage en cours de route. Sans rentrer dans des calculs compliqués, comme un homme peut porter 20% de son poids, on considère qu’un âne de 250 kg peut porter environ 50 kg. Il faut que tu prennes en compte le poids de son équipement également, entre 7 et 14 kilos selon les bâts usuels destinés aux ânes. Les sacoches en cuir seront toujours plus lourdes mais plus solides que celles en tissu.

Autre avantage : le côté gentil et très attachant de l’âne. Il attire les gens et provoque de belles rencontres sur le chemin. Humble, costaud et bosseur il te regarde à hauteur d’homme. L’âne est dans les mémoires collectives, l’animal du pauvre. Celui qui a porté la vierge Marie à Bethléem puis Jésus à Jérusalem. Dans le milieu rural, on se souvient encore des ânes que les paysans utilisaient dans leurs champs ou au milieu de leurs troupeaux. De nombreuses portes s’ouvriront grâce à ton âne.

L’âne n’est pas têtu, il pense !

Contrairement à d’autres animaux, il ne partira pas au galop lorsqu’il est confronté à la peur. L’âne est moins craintif. Il sursaute et fait quelques foulées de petit trot puis s’arrête pour réfléchir. C’est naturel chez lui. Il sait que courir est inutile car il serait vite rejoint par son prédateur. Garde toujours en tête qu’un âne reste un animal et il peut être imprévisible.

Penser et réfléchir voici ce qui donne mauvaise réputation à notre ami. Plutôt que d’avancer le fait qu’il est têtu, on devrait dire qu’il réfléchit pour se préserver du danger! A force de réfléchir, l’âne s’arrête souvent, sent, écoute, inspecte ! De ce fait avec son allure de 3-4km/h en moyenne, un bon marcheur aura l’impression de faire du sur place! L’allure conviendra aux randonneurs qui prennent le temps ou bien aux familles. Après plusieurs jours de marche, si tu le sens bien, tu pourras lâcher la longe et laisser ton baudet marcher à son propre rythme.

Voyager avec un âne ce n’est pas non plus gratuit

A l’inverse du cheval, il est économe de voyager avec un âne. Néanmoins il faut prendre certaines dépenses en compte. Tu devras acheter du foin quand les champs ne suffiront pas. Il te faudra prévoir un budget vétérinaire en cas de bobo. Pense aussi à la podologie, l’ostéopathie et le dentiste qui permettront de veiller à son bien être.

Bref, tu l’auras compris, voyager avec un âne présente de nombreux avantages mais il est important d’être conscient des inconvénients et obligations que cela apporte. Garde toujours à l’esprit que c’est lui qui mène la randonnée : c’est toi qui t’adapte à lui et non l’inverse.