Survivre, au milieu de nulle part

Cette chronique littéraire au fil des chemins et des cartes du Monde, nous livre les secrets de la survie en milieu hostile grâce au livre de Mélanie Kominek « Survivre, au milieu de nulle part », un livre comme un manuel indispensable.

Les secrets de la nature

Pourquoi un livre pour apprendre les astuces permettant de survivre au milieu de nulle part ? Serions-nous désormais coupés de nos racines, des secrets de la nature ? Serions-nous condamnés à ne plus vivre que des voyages et des aventures aseptisés ? A l’époque où il existait encore une terra incognita, c’est-à-dire une grande tâche blanche au milieu de la carte, l’aventurier découvreur savait faire face à toutes les situations, même les plus périlleuses. Bon d’accord, parfois il ne s’en relevait pas. Mais s’il avait eu en main le livre de Mélanie Kominek, il aurait peut-être survécu.

Rien ne peut se prédire

Partant du postulat que rien ne peut se prédire avec certitude et surtout qu’il n’est jamais possible de vivre une situation catastrophe simplement pour s’entraîner, l’auteur offre un manuel de survie rassemblant le constat et les leçons de maintes expériences vécues par d’autres. Ainsi, au-delà des innombrables bonnes idées, trucs et astuces, Mélanie Kominek illustre son propos des histoires de voyageurs qui se sont un jour ou l’autre trouvés en situation délicate.

Les fondamentaux de la survie

Ce livre se divise en huit grands chapitres nommés les fondamentaux de la survie. Ouvrant son introduction, les premiers mots de l’auteure sont : « Vous allez me dire, encore un bouquin de survie ? Oui ! Mais pas comme les autres ! Nourri de récits extraordinaires et d’anecdotes en tous genres, il vous propose une odyssée époustouflante pour tout connaître des bases de la survie à travers des destins exceptionnels. Accrochez-vous ! » Mélanie Kominek a raison, il vaut mieux vivre les situations qu’elle décrit par procuration qu’en direct. Il est vrai que loin de tout, au milieu de nulle part, tout peut arriver. Et il faut savoir ne pas compter que sur les outils numériques de notre société hyper connectée pour nous tirer d’un mauvais pas.

L’art du survivalisme

L’art du survivalisme est avant tout de savoir s’adapter n’importe où, n’importe quand à n’importe quelles situations. La survie impose des priorités : trouver un abri passe avant se nourrir, alors que boire reste une absolue nécessité. Il convient donc, en cas de grave problème, d’agir en conscience en maîtrisant ces priorités. Et la survie matérielle se conjugue toujours avec la survie psychique. Dans ce domaine, je ne saurais trop vous conseiller la lecture du magnifique et tout à la fois horrible témoignage de Joe Simpson dans son livre La Mort Suspendue.

Une fois la nuit tombée, un bon feu vaut de l’or

Le livre de Mélanie Kominek est une apologie du bon sens rassemblant à chaque page sa moisson de conseils indispensables. « Une fois la nuit tombée, un bon feu vaut de l’or ! Grâce à du matériel adapté, vous pourrez manger un repas chaud, éloigner les moustiques, vous réchauffer et bien plus encore ! Dans tous les cas, un bon feu remonte toujours le moral. » Suit alors la liste des outils pour provoquer l’étincelle salvatrice, même les plus improbables à l’image de l’emploi conjugué de fibres de laine et d’une pile neuf volt. A chaque page le lecteur en apprend un peu plus et c’est cela qui permet de classer cet ouvrage parmi les indispensables de la bibliothèque d’un voyageur. Un indispensable à lire avant de partir et à relire entre deux voyages.

Le saviez vous ?

Survivre dans la jungle ne nécessite pas les mêmes compétences qu’en montagne ou perdu dans le désert. Pour chaque environnement hostile, l’auteure nous raconte des histoires incroyables, des anecdotes, différentes techniques expliquées avec force détails, des encadrés « Le saviez-vous ». Et comme souvent un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, des croquis soulignent fort judicieusement le propos de Mélanie Kominek. Juste un exemple d’un « Le saviez-vous » : « Le mot désert est dérivé du latin desertum et désigne un lieu abandonné et livré à la solitude. Dans l’imagination populaire, un désert désigne plus globalement des régions arides peu habitées, où la faune et la flore sont quasiment inexistantes. Cependant il existe deux types de désert : les chauds et les froids. L’Antarctique est à ce titre considéré comme un désert, le plus grand de la planète. »

Trouver une solution à chaque problème

Prenons l’exemple de la forêt. Pour celui à qui arrive la mésaventure de se perdre sous les frondaisons ou la canopée se pose la question de passer une nuit sur place. On a vu plus avant que parmi les priorités du processus de survie, le plus important est de se fabriquer un abri. Le repos est vital pour garder les idées claires et repartir sur de bonnes bases le lendemain. De nombreux croquis proposent différents types d’abris sommaires ne demandant pas une trop grande dépense d’énergie pour leur construction. Ce manuel offre vraiment une solution plus ou moins simple, à chaque problème. Ensuite vient le temps du feu, celui qui réchauffe et permet de manger chaud, avant de puiser et purifier l’eau et éventuellement trouver de la nourriture. Mélanie Kominek aborde aussi le délicat sujet de l’attitude à adopter face à l’ours ou face à des chiens errants se montrant agressifs… Et à la fin de chaque chapitre, l’auteure nous présente en détail la composition du kit de survie idéal en fonction de chaque environnement.

Le plus grand ennemi du voyageur c’est lui-même

« Annapurnas, Kilimandjaro, K2, Mont-Blanc, Mont Fuji, Dolomites, Everest… Voilà des noms qui évoquent bien des mythes. Dans l’imaginaire collectif, les montagnes ont d’abord été le séjour des Dieux… Dans presque toutes les civilisations la montagne symbolise le lieu du contact entre le Ciel et la Terre… Mais l’immensité des paysages, l’éclat des glaciers et la sérénité du ciel bleu azur, que cachent vraiment ces lieux ? Ni juste, ni injuste, simplement périlleuse la beauté glacée de la montagne se paye parfois au prix fort. » Mais quelle que soit la destination, le plus grand ennemi du voyageur c’est lui-même, ou plus exactement son ego ou la trop grande confiance en soi. Le remède contre ce danger est l’humilité et le bon sens. S’il est vrai que réussir à s’autoévaluer physiquement et psychiquement est difficile parfois, la capacité à accepter de faire demi-tour est son meilleur atout. Georges Livanos, alpiniste et voyageur célèbre, déclarait à juste titre que le meilleur alpiniste est celui qui meure dans son lit.

Nous sommes la clef de notre propre survie

Au fil des décennies, le voyage s’est démocratisé. La facilité désormais d’aller d’un point à un autre à toute vitesse fausse la réalité du Monde. En moins d’une journée on peut passer de son canapé à la jungle la plus profonde. Rien que le fait de pouvoir se mettre facilement dans le mouvement augmente nos chances, de nous retrouver face à un imprévu catastrophique. Il ne s’agit pas d’afficher un catastrophisme délétère. Le manuel de Mélanie Kominek balaie large dans le domaine de la catastrophe d’origine naturelle ou humaine. Le dernier chapitre, Survivre à des scénarios exceptionnels, en donne la mesure. L’auteure affirme même que nous sommes la clef de notre propre survie.

L’optimisme de celui qui garde un moral d’acier

Pour conclure, Mélanie Kominek dresse une liste, bien sûr non exhaustive, des films et livres autobiographiques par environnement. De quoi se divertir un peu après une lecture qui nous fait entrevoir le pire, mais toujours avec l’optimisme de celui qui garde un moral d’acier.
Une fois ce manuel refermé, deux solutions à vous. Soit tout ce que vous venez de lire vous effraie et vous restez tranquillement assis au creux de votre fauteuil. Soit le panel des conseils et astuces rassemblés par Mélanie Kominek vous rassure et vous partez plus serein avec ce livre au fond de votre sac à dos. Allez en route !

« Survivre, au milieu de nulle part », de Mélanie Kominek, Casa Editions, est disponible dans toutes les bonnes librairies.

Bonne lecture à tous.