Géographie mon amour, une poésie du voyage
Bruno Auboiron 26 mars 2024
Géographie mon amour, une poésie du voyage
Cette chronique littéraire au fil des chemins et des cartes du Monde, nous entraîne au rythme des vers et de la prose des écrits du livre de Jean-Pierre Brouillaud, Géographie mon amour, une poésie du voyage. L’auteur signe là des textes uniques, forts, sensibles, réjouissants, bref des textes à son image, sincères.
Le cœur largement ouvert
Jean-Pierre marche sur un chemin d’écriture, comme le lui avait conseillé en son temps Christian Bobin. Il s’amuse avec les mots, nous conte des histoires et des instants de vie en voyage. Un brin cabotin mais le cœur toujours largement ouvert à l’autre, dans un franc et large sourire, Jean-Pierre nous livre quelques rares pages du monde de l’itinérance à déguster sans aucune modération. De ses textes, il a même composé un spectacle de lecture accompagnée par un musicien pour toujours plus de partage et d’échange. Écrivain, poète, voyageur, Jean-Pierre est homme de spectacle, celui de la scène mais aussi celui de la vie quotidienne.
Une souffrance qui frôle la déraison
Jean-Pierre est unique par son talent, il l’est aussi par sa cécité qu’il emporte avec lui depuis l’adolescence. Ayant expérimenté plusieurs voies, dont certaines sans issue, il décida très vite de partir seul au Népal, poussé par une souffrance qui frôle la déraison, comme il l’écrit en quatrième de couverture. Ce fut les premiers pas d’un voyage, de ses voyages vécus comme une véritable initiation s’étalant sur plusieurs décennies. Il sut ainsi transformer sa cécité en créativité, en une force unique qui fait de lui un personnage atypique, attachant, un homme fidèle.
Géographie mon amour
Une quarantaine de textes compose ce recueil entre rêve et poésie, ombre et lumière. Le tout premier que l’auteur nous offre est justement celui intitulé Géographie mon amour. Il commence ainsi : « Limoges, dans mon berceau pas de porcelaine mais une carte. Damas, Panama, Bisao, Riga, Quito, Papeete, Java. Des noms de lieux qui chuchotaient : tu ne tiendras pas en place, il faudra que tu partes. Prends des forces petit et à l’adolescence, va ! » Suivent alors une litanie d’endroits des quatre coins de la planète, qui rappelons-le encore et encore pour les conspirationnistes est ronde, comme une prière en vers adressée à un dieu, souffle vital. Les mots de Jean-Pierre sont une musique qui souffle les alizées du voyage. Juste un nom, celui d’une ville exotique ou d’un lieu rêvé, et nous voilà transporté par-delà l’horizon. C’est toute la force de son écriture.
De l’absence il a fait naître une présence
Tout est départ ; le chameau d’or de la vanité meurt de soif devant le puits plein ; sous l’humus les ossements ne s’habituent jamais au sommeil ; prends tout ce que la vie donne et donne tout ce que la vie prend ; dis-moi Syrie ? ; le caïman ne connait pas le nom du rio où il fainéante : autant de titres évocateurs des textes qu’ils renferment, autant d’histoires qui nous poussent, au-delà du sentiment exaltant de devenir vagabond dans les pas de Jean-Pierre, à nous interroger sur ce qui nous entoure, sur les autres et sur nous-même. Jean-Pierre n’a pas besoin de voir, il ressent et sait si bien dire avec des mots que ses yeux ne lui auraient sans doute jamais inspirés. De l’absence il a fait naître une présence, si forte, si belle.
Il me semble vain de vouloir écrire encore à propos des mots magnifiques de Jean-Pierre. Il est temps de le lire, tout simplement…
Géographie mon amour, une poésie du voyage, de Jean-Pierre Brouillaud en autoédition, est disponible chez l’auteur : l-illusion-du-handicap.over-blog.com
Bonne lecture à tous.