La Voie cyclique

Cette chronique littéraire au fil des chemins et des cartes du Monde, nous entraine à suivre la trace des roues du vélo de Gérard Bastide sur les sommets méditerranéens dans son livre « La Voie cyclique »

Les plusieurs visages de l’homme

Dans le monde du voyage, Gérard Bastide est un être à part. Conteur, clown, maçon, moniteur VTT et un temps homme politique local s’intéressant à la chose publique toujours au profit du collectif. Sans oublier cycliste bien sûr : il offre plusieurs visages, mais son but principal semble être la découverte de l’humain. A travers ce livre, il tente de comprendre et d’approcher les raisons d’être de l’humanité en se frottant à nos mythes ou plus exactement leurs lieux fondateurs. Le sujet choisi est vaste. Gérard Bastide aurait pu faire le tour du Monde, mais pragmatique – cette notion n’étant pas incompatible avec le rêve – il a choisi de se concentrer sur le bassin méditerranéen. Et de plus, à vélo. Oui, il a rejoint à vélo les sommets de ces montagnes mythiques par la voie cyclique. Quelle drôle d’idée ! Mais n’oublions pas que l’auteur est cycliste jusqu’au fond de l’âme. Alors pourquoi pas !

Quand le voyage inspire les textes

Il va donc suivre son chemin de Compostelle minéral, arpenter les chemins d’un pèlerinage sans sanctuaire. Et comme il l’écrit fort bien, cette montagne lui va à gravir ! A son programme, il prévoit une visite au très grec Mont Olympe, au Toubkal marocain, à l’Etna sicilien, à la Sierra de Tramuntana aux Baléares, au pyrénéen Canigou, à l’italien Stromboli, au crétois Mont Ida et au Mont Ventoux. Ses voyages lui ont inspiré un texte. Celui-ci est un récréatif récit de voyage et passionnante visite au cœur des mythes, avec une écriture gouleyante et réjouissante, magnifiquement imagée.

L’âme montagnarde

L’auteur considère le vélo comme l’interface entre le monde et lui, entre la montagne vieille et l’embouteillage contemporain, entre la carte et le territoire. Sa première étape fut l’incontournable Mont Olympe, demeure des dieux. Quel arpenteur de sommets n’a pas rêvé un jour de gravir les pentes de l’Olympe dans l’espoir secret de deviner une trace des dieux des anciens ? Déception. Plus aucune trace de Zeus et sa cohorte de dieux capricieux et facétieux. Gérard Bastide écrit : « Pour imaginer visiter les dieux grecs en leur auguste demeure, il faut se la jouer modeste. Mais les dieux n’y sont plus et faute d’autopsie on dira qu’ils n’ont pas survécu à l’épidémie de modernité qui a transformé Pénélope en caissière de supermarché et Poséidon en marchand de souvlaki devant la plage. » Puis vint le temps du Toubkal, le point culminant des montagnes du Haut Atlas. Ici aussi ce que cherche Gérard Bastide c’est l’âme montagnarde dans ce qu’elle a de plus vraie.  Ensuite l’Etna sicilien, les Baléares avant de revenir dans ses Pyrénées et le Canigou.

L’implacable soleil crétois

Le quotidien en voyage de Gérard Bastide, auteur mythomaniaque comme il se définit lui-même, est ainsi : « Le vélo à partir d’une certaine altitude, c’est le plus petit braquet, souvent un tour de pédale ne fait même pas un tour de roue, puis c’est la poussette à côté du vélo, une main sur le guidon, l’autre à l’arrière de la selle. Enfin quand la pente se fait trop raide, c’est le portage, juste retour des choses pour une monture qui vous a mené jusqu’ici et qui vous redescendra une fois le sommet atteint. » Le Mont Ida et l’implacable soleil crétois précèdent l’étape finale du provençal Mont Ventoux. C’est la moins sacrée des montagnes gravies jusque-là, mais certainement pas la moins mythique.

Gérard Bastide conclut son ouvrage par un post cyclum du plus bel effet. Je vous laisse la surprise de la lecture.

La Voie cyclique, de Gérard Bastide aux éditions Le Pas d’Oiseau, est disponible chez tous les bons libraires.

Bonne lecture à tous.