Kilimandjaro, une ascension sur le toit de l’Afrique
Écrit par David Debrincat sur 19 mai 2021
« Elles te feront un blanc manteau ! Les neiges du Kilimandjaro ! Oh oh oh ! »
Et oui ! Pour ce nouvel article j’ai envie de ressortir mes vieux classiques musicaux. Ne commence pas à râler ! Dis-toi au moins que derrière ton écran tu n’as pas le son. Franchement c’est mieux pour toi.
Départ immédiat pour une nouvelle aventure en terre africaine ! Je t’invite à découvrir le continent d’une autre manière que les fois précédentes. Si tu n’arrives que maintenant pas de problème, tu peux retrouver ici et là les articles sur l’Ouganda et celui sur les safaris.
Aujourd’hui donc nous prenons de la hauteur. Je suis David, auteur-aventurier-rêveur et je serai votre guide jusqu’au sommet du toit de l’Afrique, le Kilimandjaro et ses 5895 mètres d’altitude. Pardon ? Tu aurais préféré Mike Horn ou Eric Lange ? Oui et bien moi aussi j’aurais préféré emmené Jessica Alba ! Désolé, nous devrons nous contenter l’un de l’autre.
Allez hop ! C’est parti !
Histoire du Kilimandjaro
Constitué de ses trois volcans éteints, le Kilimandjaro est un peu le berceau des terres massaïs. En langue maa son nom signifie « Montagne blanche » ou « Montagne étincelante ». Par temps clair il est possible de voir distinctement le Shira à l’ouest, le Mawenzi à l’est et donc le Kibo avec son pic Uhuru à 5895 mètres au milieu. C’est ce dernier avec sa légendaire calotte glacière que nous visons.
Quand Johannes Rebmann a rapporté sa découverte le 11 mai 1848, il est passé pour un menteur. A l’époque il décrivit la montagne par ces mots.
« Vers 10 heures, je vis quelque chose de remarquablement blanc au sommet d’une haute montagne et cru d’abord qu’il s’agissait de nuages, mais mon guide me dit que c’était du froid, alors je reconnus avec délice cette vieille compagne des Européens qu’on appelle la neige. »
Des neiges si près de la ligne de l’équateur ! Impossible ! Et pourtant oui. Il faudra attendre 1861 et l’expédition du baron allemand Karl Klaus von der Decken et du botaniste britannique Richard Thornton pour admettre la vérité. Elle existe bien cette neige même si du fait de la déforestation et du réchauffement climatique elle finira inexorablement par disparaitre. Seul le témoignage d’anciennes photos continuera à perpétrer son histoire et sa légende.
Avant nous ce sont les explorateurs Ludwig Purtscheller et Hans Meyer qui ont atteint en 1889 ce sommet aujourd’hui mythique. A l’époque l’Autrichien et l’Allemand n’étaient pas accompagnés d’une armée de porteurs mais il faut quand même associer leur guide Yohanas Kinyala Lauwo à cet exploit. Avant eux l’Ecossais Joseph Thomson en 1883, le Hongrois Sámuel Teleki et l’Autrichien Ludwig von Höhnel en 1887 puis l’Allemand Otto Ehrenfried Ehlers en 1888 se seront cassés les dents dans leurs tentatives respectives.
Choisir sa voie
Marangu, Umbwe, Lemosho, Shira, Rongai ? Il existe six voies différentes pour atteindre le sommet du géant.
Celle que nous allons suivre est la voie Machame. Surnommée la « Whisky Route » elle n’est pas loin de détrôner Marangu en terme de popularité. De plus en plus de trekkeurs optent pour celle-ci.
La voie Machame possède l’avantage non négligeable de sa beauté et de sa variété de paysages. Le retour ne se fait pas par le même chemin que l’aller. Les vues sur le plateau de Shira, le passage par la Lawa Tower, les frissons sur le mur de Barranco, le passage tout près des glaciers, la descente par Mweka ou encore Stella Point sont autant d’atouts.
Il n’y a pas de refuges et toutes les nuits, glaciales ou pas, se font sous la tente.
Si elle est considérée comme la plus belle, sa réputation peut faire peur. Elle est aussi décrite comme plus difficile que la route Marangu. Les marches quotidiennes sont ici bien plus longues et plus éreintantes. Le taux de succès est plus faible. Pourtant, de par sa topographie, c’est la voie qui permet la meilleure acclimatation à l’altitude. L’argument est de taille…
L’ascension finale du Kilimandjaro
Après cinq journées de progression le moment est venu. Dernier jour. Il est minuit. Le temps pour nous de quitter Barafu, le dernier camp avant cette ascension finale.
Dès les premiers mètres le Kilimandjaro veut nous faire comprendre l’aventure dans laquelle nous nous lançons. C’est d’entrée très pentu. Nous n’aurons droit à aucun répit avant le sommet. Il nous défie, à nous de répondre présent.
Il est important de se mettre dans un bon rythme d’entrée de jeu. De toute façon il s’impose de lui-même. Chaque pas est lent. Chaque pas demande son inspiration et son expiration. Le souffle est vite court. Toute accélération est impossible. Si nous arrivons tout en haut ce sera en gagnant chaque centimètre.
Il fait nuit noire. Sans nos lampes frontales nous ne pourrions pas voir plus loin que la personne juste devant. C’est assez amusant d’apercevoir dans la nuit des dizaines de petites loupiotes briller à des hauteurs différentes. Comme il est impossible de voir le sentier à flanc de montagne, nous avons l’impression que toutes ces lumières flottent en se déplaçant comme lors d’une procession. Certaines éclairent derrière nous, d’autres au contraire ont déjà beaucoup d’avance et se trouvent bien plus haut. Cela nous donne une idée de ce qu’il nous reste à parcourir. Y’a du boulot !
La progression est vraiment éprouvante. Dans le vent glacial chaque pas est une conquête. Malgré les couches de vêtements que nous portons, il fait très froid. Même l’effort ne suffit pas à nous réchauffer. Il faut s’efforcer à bouger les orteils le plus possible pour ne pas qu’ils gèlent. Encore un pas, puis un autre, encore un de plus. Inlassablement.
Le jour se lève
A l’aurore, entre chien et loup, nous distinguons l’arrête du cratère toute proche. Toujours accrochés à ce flanc de montagne la progression n’a jamais été aussi éreintante. Ce passage est particulièrement raide. Avec la fatigue des dernières heures chaque pas est un combat, chaque mètre parcouru est une victoire. N’envisageons rien d’autre que le centimètre suivant.
Nous sommes à Stella Point. C’est une première victoire que nous venons d’arracher. Nous nous asseyons aux pieds du grand panneau. C’est d’ici que nous admirons le lever du soleil. Quelques 5000 mètres plus bas une énorme boule de feu rouge sort de l’horizon. Les plaines tanzaniennes s’éclairent sous nos yeux. C’est magique.
Encore un effort pour conquérir le sommet… Ça y est nous y sommes. 5895 mètres. Nous avons atteint Uhuru Peak, le sommet du Kilimandjaro, le toit du continent africain. C’est incroyable de se dire qu’à cet instant précis aucune personne dans toute l’Afrique ne se trouve plus haut que nous. Sous nos yeux s’étendent les immenses plaines qui partent à l’infini. C’est le berceau du monde que nous admirons, un continent fascinant peuplé de plus d’un milliard d’habitants.
Le glacier du Kilimandjaro se meurt
Il a rendu mythique ce sommet incroyable. Ce glacier est absolument magnifique. Enfin… Ce qu’il en reste.
Avec le réchauffement de la planète il a perdu de sa superficie. Il ne mesure plus que deux kilomètres carrés contre plus de douze il y a cent ans. Il devrait avoir totalement disparu d’ici 2030.
Pour le moment il est encore splendide et impressionnant. Même s’il ne fait plus le tour complet du cône comme nous le voyons généralement sur les photos, il demeure fier comme un vieux sage Massaï dont la force de la jeunesse n’est plus qu’un souvenir. Admirons-le tant qu’il est encore temps…
Le Mal Aigu des Montagnes
Atteindre le sommet du Kilimandjaro ne demande pas d’être un alpiniste chevronné. Cependant il ne faut pas minimiser la difficulté et les dangers tel que le terrible Mal Aigu des Montagnes.
La résistance à l’altitude dépend de très nombreux facteurs tout simplement physiologiques. Il peut toucher tout le monde même les plus sportifs d’entre-nous. Il est d’ailleurs la principale raison des échecs d’une ascension du Kilimandjaro.
Un simple mal de tête ? Une simple perte d’appétit ? Une fatigue un peu plus prononcée ? Ou carrément des gonflements du visage ? Des œdèmes plus importants ? Et même un œdème pulmonaire ? Il est absolument impossible de le prévoir. Cela peut toucher n’importe qui de façon inégale quel que soit son niveau de préparation ou sa condition physique.
Une étude démontre même que les personnes d’une soixante d’années sont moins touchées que les sujets plus jeunes, plus sportifs et considérés comme en meilleure condition physique. Tout ceci ne serait qu’une question de pression artérielle de l’instant.
Pas de regret d’être arrivé en haut avec moi ? Je suis heureux de vous avoir guidé jusqu’au sommet ! Promis on se refait très vite une ascension tous ensemble !
Et pour continuer l’aventure avec un passionné des sommets, suivez l’aventure de Boris.
Salut à tous ! Je suis David, j’ai 25 ans depuis maintenant un peu plus de 15 années. Je suis Palois d’origine maltaise. Naïf, fou, obstiné, voici donc les trois qualités (ou défauts, ça dépend du point de vue) qui m’entraînent depuis plus de 20 ans sur les chemins de notre belle planète…la suite par ICI!