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Le culte de l’Homme-Oiseau

Écrit par sur 28 décembre 2021

Le dernier article sur l’Île de Pâques vous a plu ? Et bien je vous invite à prolonger le séjour. Prenons la direction du sud de l’île. En haut du volcan Rano Kau se trouve l’ancien village cérémoniel d’Orongo. C’est ici que se déroulait le culte de l’Homme-Oiseau.

Découvrons ensemble ce pan du patrimoine pascuan.

Sur la crête de Rano Kau

Sur le volcan Rano Kau

Situé au sud de l’île, il faut suivre le sentier qui monte depuis la capitale Hanga Roa pour atteindre la crête du volcan Rano Kau.

Du haut de ses 2.5 millions d’années c’est un paysage éblouissant qui s’offre à vous. Vous voilà au sommet de l’un des sites les plus fascinant de l’île de Pâques. De l’autre côté du cratère d’un diamètre de 1600 mètres et 200 de profondeur, une brèche s’ouvre telle une fenêtre sur l’océan gigantesque.

En 1782, Pierre Loti était là comme nous aujourd’hui. Il a dit que cela lui rappelait un colisée.

Vous souhaitez descendre au fond du cratère ? C’est interdit ! Jusqu’en 1973 les habitants venaient ici pour chercher de l’eau ou laver leur linge. Ils descendaient à cheval, remplissaient leurs outres, flânaient une partie de la journée puis rentraient à Hanga Roa. Il règne ici une sorte de microclimat. Plus qu’un véritable lac, c’est plutôt un ensemble de grandes mares et de petits étangs couverts de totoras qui compose cet étrange microcosme.

Orongo, village cérémoniel

Le village cérémoniel d’Orongo

Le long du sentier nous croisons quelques ruines de constructions en pierre. Ici face à l’à-pic des falaises vertigineuses se trouvait le village cérémonial d’Orongo. Les archéologues y ont découvert 53 maisons en pierre de basalte. Si elles semblent en aussi bon état c’est parce qu’ils les ont restaurées. Avec leur forme elliptique, elles sont si basses qu’il faut se mettre à quatre pattes pour y pénétrer par l’étroite entrée latérale. Les Pascuans n’y vivaient pas à l’année. Ces maisons n’étaient occupées que sur une courte période, pendant le printemps. Leurs dimensions particulières avaient été pensées pour protéger des attaques ennemies et supporter les puissantes rafales de vent.

Jusqu’en 1868 se dressait le moaï Hoa Haka avant qu’il ne soit emporté par les Anglais et exposé au British Museum de Londres.

Entre le cratère et la falaise, juste au niveau de la brèche, l’accès au site est interdit pour des raisons de sécurité mais aussi de préservation. Sur un promontoire face à la mer ce sont près de mille sept cents pétroglyphes qui sont dessinés sur des rochers qui se trouvent en équilibre au-dessus du vide.

Au loin en regardant vers l’océan déchainé, trois points minuscules. Trois îlots, les Motu Nui, Motu Iti et Motu Kau Kau contre lesquels se fracassent des vagues énormes. Le spectacle est saisissant. C’est ici même que se déroulait le culte de l’Homme-Oiseau, une sorte de super héros de l’époque. C’est sa représentation qui s’affiche sur les pierres. Avec son corps d’humain, sa tête d’oiseau, son bec crochu et son gros orteil, il est difficile de croire en son statut de dieu-vivant. Et pourtant… Quelle histoire fascinante !

Vue sur les motu

Le culte de l’Homme-Oiseau

Au cours des XVIIe et XIXe siècles, pendant la dernière période de l’histoire ancienne de la société pascuane et alors que le culte des moaï était en déclin, celui de l’Homme-Oiseau a permis de fédérer les différents clans qui n’avaient de cesse de s’affronter. Nulle part ailleurs que sur Rapa Nui ce culte, appelé aussi Tangata Manu, a existé.

Une fois par an pendant les mois d’août et de septembre de grandes cérémonies avaient lieu ici à Orongo. Le Roi, les grands prêtres et les représentants de chaque tribu assistaient à la désignation de l’Homme-Oiseau qui occupera pendant toute une année cette prestigieuse fonction.

Dès le mois de juillet de l’année précédente, le chef de chaque tribu désignait son Hopu Manu. Dès sa nomination, celui-ci était peint en rouge, tête, sourcils et cils rasés. Commençait alors une vie de reclus dans l’une des maisons en pierre d’Orongo. Une année entière sans en sortir avec interdiction formelle d’accéder à la mer, d’avoir des relations sexuelles, de se laver et de se couper cheveux et ongles. C’était un serviteur considéré comme assez fort, assez malin et assez sportif pour gagner.

L’océan déchainé

Le déroulé du culte de l’Homme-Oiseau

Pour être élu Homme-Oiseau il fallait descendre la falaise de 300 mètres de haut. Avec seulement un peu de nourriture il devait alors nager deux kilomètres jusqu’à l’îlot Motu Nui. En août, c’est l’hiver austral. Les vagues sont gigantesques, les courants violents, l’océan infesté de requins.

Une fois sur Motu Nui le but était de trouver un œuf de frégate ou de sterne, l’attacher sur son front et le rapporter intact à son chef après avoir affronté de nouveau les dangers de la traversée et l’escalade de la falaise. Cela pouvait prendre plusieurs semaines.

Élu Homme-Oiseau, il devait alors vivre seul dans une maison pendant cinq mois et survivre ainsi sans aide extérieure. Alors glorifié pendant une année entière, il conservait sa respectabilité jusqu’à la fin de sa vie.

À sa mort les autres anciens Homme-Oiseau lui attachaient un coq à chaque orteil avant de les libérer. Le brouhaha produit, le nuage de plumes aidait l’âme immortelle à prendre son envolée avant que le corps ne soit enterré devant un Ahu.

En 1866 les missionnaires ont définitivement interdit le culte du Tangata Manu n’acceptant qu’une croyance religieuse puisse dépendre d’un œuf et du dévouement au dieu païen Make Make.

Pour continuer l’aventure, retrouver mon dernier article consacré à l’île de Pâques.


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