La diagonale du vide

Cette chronique littéraire au fil des chemins et des cartes du Monde, nous entraine cette fois sur la Diagonale du Vide de Mathieu Mouillet . C’est un livre comme un ovni dans le monde de l’édition du voyage. C’est un livre pour une expérience pédestre exotique en France. Preuve que l’inattendu est parfois au coin de chez soi.

La naissance

La naissance de ce livre pourrait être située au 11 septembre 2001, jour de triste mémoire pour la vie. Ce jour-là, Mathieu Mouillet poursuivait son tour du Monde à vélo débuté six mois plus tôt. Il se trouvait dans un petit village iranien des monts Elbrouz. Il n’a pas su tout de suite les attentats de New-York, mais l’actualité l’a bien vite rattrapé. On lui conseilla alors de fuir l’Iran pour sauver sa peau d’Occidental. Lui, il ne vivait pas sur le terrain la réalité des images médiatiques déversées à flots, l’écart était abyssal. Mais un an plus tard, revenu en France, il se dit que traverser son pays natal serait une très belle manière d’achever son voyage au long cours.

L’herbe est toujours plus verte ailleurs

L’auteur écrit : « Lors de mes pérégrinations aux quatre coins du Monde, les gens s’étonnaient : mais pourquoi venir chez nous alors que vous habitez le plus beau pays du Monde ? Pourquoi au fait ? Parce que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. » Cette question et surtout les réponses à lui apporter lui donnèrent matière à réfléchir. On part loin pour découvrir les autres, parce qu’on croit connaître parfaitement autour de chez soi. Mais plus les voyages lointains s’accumulaient pour Mathieu Mouillet, plus l’évidence s’imposait : le voyage commence en bas de chez soi. Alors peut-on partir pour un voyage exotique dans son propre pays ? Comme l’avoue l’auteur « C’était le pari de ce voyage en France. »

Une aventure lente

Mathieu Mouillet veut être le touriste le plus lent de France. Il insiste : « J’ai envie de liberté. Je veux prendre mon temps, faire un voyage à tâtons, m’en remettre aux hasards de la route. Je sais qu’ils sont souvent les bienvenus. Ce sera une aventure lente, un road-trip à quatre kilomètres à l’heure pour estimer le temps à hauteur d’homme et laisser la place aux rencontres dont la route a le secret. » Il a imaginé ce voyage, il l’a réalisé, il l’a écrit et le livre que j’ai entre les mains prouve l’utilité de la démarche. Un livre optimiste et sensible.

L’amour du territoire

Découpé en autant de chapitres que de départements traversés, tout commence dans les Ardennes. Là où Mathieu Mouillet se met en chemin. Il va rencontrer des dizaines de personnes, des gens simples, sincères, des gens riches de leurs savoirs et de leurs expériences, des habitants qui vont lui offrir l’amour de leur territoire.

Le chemin mène toujours à l’essentiel

Son chemin suivi mène toujours à l’essentiel et au bout de plus de cinq mois de marche, coup de froid, coup de poing du destin : maladie. Un mois d’arrêt avant de repartir, mais cette fois depuis le Pays Basque.
Si demain, un autre marcheur se lance dans cette aventure, il est certain qu’il ne la vivra pas de la même manière. Ses rencontres ne seront pas les mêmes et il n’en tirera ni les mêmes émotions, ni les mêmes enseignements. Finalement cette diagonale du vide n’est pas le néant du monde rural, bien au contraire, elle est riche d’une vie foisonnante qu’il n’y a que le rythme posé de la marche qui permette d’en prendre conscience et d’en profiter.

L’œil voit au fur et à mesure de l’observation

Avant de clôre, je voudrais un instant faire partager la beauté des photographies en noir et blanc qui ponctuent le texte. Elles sont nombreuses et peuvent se diviser en deux catégories distinctes. Il y a celles qui montrent ce qu’est la campagne, sans détour, et celles qui, plus dans la finesse, montrent ce que l’œil voit au fur et à mesure de l’observation. Certaines parmi ces dernières sont une véritable invitation au rêve.

La Diagonale du Vide, un voyage exotique en France, de Mathieu Mouillet aux éditions du Mat, est disponible chez tous les bons libraires.

Bonne lecture à tous.